Dépistage du cancer colorectal : pourquoi, comment ?

Mis à jour le 23/11/2021

A l'occasion de Mars Bleu, mois consacré à la promotion du dépistage du cancer colorectal, le Docteur C. Pougel répond à nos questions.

Symptômes et risques

Qu'est-ce que le cancer colorectal ?
 

C'est le cancer du gros intestin et du rectum, l'un des plus fréquents avec ceux du sein, de la prostate et du poumon. Il touche un peu plus les hommes que les femmes. Ce cancer reste grave malgré les progrès médicaux importants réalisés ces dernières années, car on n'en guérit actuellement que 6 sur 10.
Le cancer colorectal présente la particularité d'être habituellement précédé, pendant de nombreuses années, d'une tumeur bénigne, le polype ou adénome. Il s'agit d'une petite boule de chair, une excroissance, qui apparaît à la surface de la paroi interne du côlon ou du rectum.
Si cette excroissance grossit, surtout au-delà d'1 cm de diamètre, le risque de transformation en cancer augmente. En moyenne, un polype met entre 7 et 10 ans à se transformer. Bien sûr, tous les polypes ne deviennent pas des cancers : seul 1 sur 40 se cancérise après 10 ans d'évolution.
L'incidence du cancer colorectal augmente avec l'âge. On observe une forte croissance du risque entre 50 et 80 ans.
 

Quelles sont les personnes les plus exposées au risque du cancer colorectal ?
 

C'est à partir  de 50 ans que le risque devient important, pour la majorité de la population. Mais chez certaines personnes, ce risque est plus grand et survient plus précocement.  
Il existe 3 grands types de populations à risques, pour lesquelles les méthodes de dépistage diffèrent :

  • Les personnes à risque très élevé, en raison d'une prédisposition génétique particulière : 

Cela ne concerne qu'une minorité des cancers colorectaux, entre 3 et 5 % d'entre eux.
Le diagnostic de ces prédispositions héréditaires est très important et nécessite une consultation spécialisée d'oncogénétique. La surveillance débute tôt dans la vie, par des coloscopies régulières, et une intervention chirurgicale préventive peut être indiquée.

  • Les personnes à risque élevé

Sont concernés les patients qui ont des antécédents personnels et/ou familiaux (père, mère, frères, sœurs) de cancers colorectaux, ou simplement de polypes ou adénomes. De même, les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique), nécessitent également un dépistage individuel par une surveillance rapprochée avec coloscopies régulières d'emblée.
 
Dans tous ces cas, le dépistage organisé par recherche de sang dans les selles n'est pas indiqué, et il serait dramatique de ne pas faire de coloscopies de dépistage à un rythme défini par le gastro-entérologue.

  • Les personnes dites à risque moyen

Cela concerne les ¾ de la population française. Il n'y a pas ici de facteur prédisposant particulier. Les cancers colorectaux sont sporadiques, c'est-à-dire qu'ils peuvent survenir chez n'importe qui, essentiellement après 50 ans. C'est à ce groupe de personnes et à elles seules que s'adresse le dépistage organisé par recherche de sang dans les selles.
 

Quels sont les symptômes des polypes et des cancers colorectaux ?
 

Il est important de souligner qu'un polype n'est pas symptomatique, ou très peu. Quant au cancer colorectal, il est longtemps sournois, sans aucun symptôme.
Les signes de cancer colorectal, lorsqu'il évolue, sont variés et peu spécifiques. On peut constater des difficultés récentes du transit intestinal, ou qui sont inhabituelles et persistantes : une constipation soudaine ou qui s'aggrave, une diarrhée qui se prolonge, une alternance de diarrhée et de constipation, des douleurs abdominales répétées, plus ou moins inexpliquées, du sang visible dans les selles, une anémie non expliquée lors d'une prise de sang, une fatigue anormale qui dure, une perte de poids non volontaire. Il faut s'inquiéter très vite, et le moindre signe digestif inhabituel doit faire consulter rapidement. C'est vraiment très important.
Précisons aussi qu'il faut consulter son médecin lors de la survenue d'hémorroïdes après 40-45 ans. Elles peuvent parfois être le signe avant-coureur d'une tumeur rectale. Mais les hémorroïdes ne prédisposent pas au cancer. Il s ‘agit de deux pathologies totalement distinctes.
Tous ces symptômes, qui doivent alerter, surviennent lorsque le polype s'est déjà transformé en cancer.
De même, si on constate un de ces signes d'alerte dans l'intervalle qui sépare deux examens de dépistage, il faut absolument consulter son médecin sans attendre.
Tout signe digestif inexpliqué, surtout après 40 ans, doit être une occasion de dépistage du cancer. Il s'agit d'un dogme intangible.